Dans beaucoup d’entreprises, la cartographie du système d’information est encore perçue comme un exercice ponctuel ou quelque chose que l'on peut reporter indéfiniment.
Pourtant, elle est un levier stratégique pour piloter les transformations, maîtriser les risques, optimiser les coûts et aligner les équipes.
Mais attention : bien cartographier un SI, ce n’est pas seulement empiler des diagrammes ou coller des post-it sur un mur de projet.
C’est un travail méthodique, rigoureux, qui nécessite de dépasser les approches classiques.
Traditionnellement, on représente un SI à travers quatre grandes couches : métier, applicative, données et technique.
Cette structuration a le mérite d’offrir une première lecture et de segmenter les responsabilités.
Cependant, elle est loin de suffire face à la complexité des systèmes actuels.
Pourquoi ?
Parce que ces quatre couches ne capturent pas tout ce qui est essentiel pour piloter un SI moderne.
Elles ignorent souvent les dimensions humaines, financières, réglementaires, écologiques, et même politiques qui interfèrent avec les décisions technologiques.
Une cartographie qui se limite à ces couches risque de produire une vision incomplète, parfois même trompeuse.
Elle devient un outil décoratif, plutôt qu’un outil de pilotage.
Un des angles morts fréquents des cartographies classiques est l’absence de représentation explicite des risques.
Pourtant, dans un contexte marqué par la cybermenace, les dépendances fournisseurs, la vétusté de certains composants ou encore les contraintes réglementaires, cartographier sans intégrer les risques revient à naviguer à l'aveugle.
Il est donc indispensable d’identifier les vulnérabilités, les points de rupture potentiels et les zones de fragilité dès la conception de la cartographie.
Ceci peut passer par des indicateurs visuels, des couches spécifiques ou des marqueurs intégrés aux différents objets cartographiés.
Une telle approche permet non seulement de rendre la cartographie plus utile, mais aussi d’alimenter directement les exercices de gestion des risques et de continuité d’activité.
La cartographie du SI ne se limite pas aux objets techniques ou fonctionnels : elle doit aussi intégrer les compétences humaines qui les soutiennent.
Derrière chaque application, chaque infrastructure, il y a des équipes, des experts, des partenaires.
Ignorer cet aspect, c’est se priver d’une lecture essentielle de la robustesse et de la résilience du SI.
Cartographier les compétences, c’est rendre visibles les dépendances humaines, identifier les savoirs critiques, anticiper les besoins en formation et mieux gérer la transition en cas de départs ou de réorganisations.
Cela permet aussi de révéler les zones de surcharge ou, au contraire, les gisements d’expertise sous-exploités.
Une cartographie vivante intègre donc une dimension RH, souvent négligée dans les approches purement techniques.
Un autre aspect trop souvent absent des cartographies traditionnelles est la dimension financière.
Pourtant, chaque brique du SI représente un coût : acquisition, maintenance, exploitation, évolution.
Sans visibilité sur ces aspects, il est difficile de prioriser les investissements, d’arbitrer les projets ou de défendre des budgets auprès des directions générales.
Intégrer les données budgétaires et les trajectoires d’investissement dans la cartographie permet de passer d’une vision statique à une vision dynamique.
On ne parle plus seulement de ce qui existe, mais aussi de ce que l’on finance, de ce que l’on souhaite transformer et de ce que l’on choisit, consciemment ou non, d’abandonner.
Cette lecture financière est aujourd’hui incontournable pour aligner les directions métiers, IT et financières autour d’une feuille de route commune.
Enfin, une cartographie n’a de valeur que si elle est partagée, comprise et utilisée par ceux à qui elle s’adresse.
Trop souvent, les cartographies sont illisibles, faute de règles de représentation claires : symboles obscurs, légendes absentes, granularité incohérente, mise à jour aléatoire…
Résultat : elles finissent oubliées au fond d’un répertoire réseau.
Établir des règles communes, c’est garantir que la cartographie devienne un langage partagé.
Il s’agit de définir les conventions graphiques, le niveau de détail, les sources de données, les responsabilités de mise à jour et les cycles de révision.
Ces règles permettent d’éviter l’effet « œuvre d’art » au profit d’un véritable outil de gouvernance.
Elles facilitent aussi l’appropriation par des publics variés, du comité exécutif à l’équipe technique en passant par les métiers.
La cartographie du système d’information est trop souvent abordée comme un exercice cosmétique, alors qu’elle devrait être au cœur de la gouvernance des entreprises.
Dépasser les quatre couches classiques, intégrer les risques, les compétences, les budgets et s’appuyer sur des règles de représentation claires, c’est transformer cet exercice en un levier puissant de pilotage.
Ce travail n’est pas simple, il nécessite de la méthode, de l’engagement et une véritable vision d’ensemble.
Mais c’est à ce prix que la cartographie cesse d’être un dessin pour devenir un véritable outil stratégique.
Yann-Eric DEVARS Consultant et formateur en architecture d'entreprise
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