Lorsqu’on exerce dans le domaine de l’architecture d’entreprise, on se rend vite compte que la coordination avec différents acteurs est indispensable à la réussite de tout projet.
Sans établir de liens solides et durables avec le sponsor, les métiers et les équipes en charge du développement, du déploiement et des opérations, on prend le risque de créer des solutions qui ne répondent pas aux besoins, ou d’engendrer des incompréhensions aux conséquences fâcheuses.
C’est pourquoi il est important de produire des dossiers d’engagement adaptés à chaque interlocuteur, permettant à chacun de s’impliquer et de comprendre les objectifs.
L’expérience démontre que plus ces documents sont complets, structurés et accessibles, plus la collaboration sera harmonieuse et les résultats à la hauteur des attentes.
Je souhaite partager une vision construite au fil des années.
Elle se concentre sur les points essentiels à documenter, sur la manière de présenter ces informations, et sur l’interaction avec chacun des partenaires.
L’objectif est de proposer une approche pragmatique, sans formalisme excessif, mais avec une rigueur suffisante pour garantir la réussite de l’ensemble.
Chaque dossier d’engagement se conçoit comme un outil de communication et de pilotage, afin de s’assurer que toutes les parties prenantes avancent dans la même direction, au même rythme et avec la même compréhension des enjeux.
Engagement avec le sponsor
Le sponsor est souvent le premier point de contact pour l’architecte d’entreprise lorsque démarre une initiative.
C’est la personne ou l’entité qui porte le projet, fournit les ressources et s’assure de la légitimité de l’initiative aux yeux de la direction.
Cette partie prenante a besoin de clarté : pourquoi investir, comment mesurer la réussite, et à quels bénéfices s’attendre dans le temps.
Le dossier d'engagement doit décrire de manière synthétique l'initiative et fourni un résumé qui met en lumière l’intention, les objectifs globaux et la vision attendue du résultat.
Il est souvent utile d’y intégrer quelques scénarios concrets afin de montrer en quoi la nouvelle architecture ou la nouvelle solution répond aux attentes stratégiques de l’entreprise.
Il permet d'articuler le projet avec la stratégie d’entreprise car le sponsor souhaite comprendre la cohérence globale.
Comment cette initiative s’inscrit elle dans les grandes orientations stratégiques ?
Quelle valeur supplémentaire apporte-t-elle à l’organisation dans son ensemble ?
L’architecte doit veiller à justifier ce lien pour obtenir ou maintenir l’adhésion.
Il est essentiel de définir, dès le départ, ce qui est inclus ou non, ainsi que l’ordre dans lequel on compte avancer.
Sans ces informations, le sponsor peut avoir l’impression qu’on lui demande un chèque en blanc.
La transparence sur ce sujet renforce la crédibilité de l’architecte et crée un climat de confiance.
Même si l’architecte n’a pas toujours la visibilité complète sur le détail budgétaire ou planning, il est important de fournir une évaluation aussi précise que possible, quitte à la réviser régulièrement.
Cela donne au sponsor un moyen de piloter l’initiative et de prendre les décisions appropriées en cas d’aléas.
Chaque initiative comporte son lot d’incertitudes.
Un sponsor averti souhaite connaître ces éventualités, même s’il ne peut pas toutes les éliminer.
Un dossier qui recense les principaux facteurs de risque, les impacts possibles et les mesures d’atténuation conforte le sponsor dans l’idée que l’architecte maîtrise son sujet.
On oublie parfois que le sponsor a besoin d’un format clair, sans jargon trop technique, et qu’il attend des informations orientées sur la valeur ajoutée et la faisabilité.
C’est dans cette optique que le dossier doit être présenté de façon visuelle, avec des schémas simples et adaptés et des points de décision mis en évidence.
Le sponsor veut aller à l’essentiel pour décider en connaissance de cause.
Il est conseillé de présenter une version courte du dossier d’engagement, assortie de sections complémentaires pour ceux qui souhaiteraient creuser les détails.
Ceci permet de s’adapter à différents profils de lecture, tout en rassurant les plus exigeants.
Engagement avec les métiers
La relation entre l’architecture et les métiers est souvent un défi, car il s’agit de concilier des points de vue parfois très différents.
Les responsables métiers ont des priorités opérationnelles quotidiennes, et ils attendent de l’architecture un soutien permettant d’optimiser ou de transformer leurs processus.
L’architecte, lui, doit veiller à ce que les solutions soient cohérentes à l’échelle globale et respectent un certain nombre de principes directeurs.
Pour que ce dialogue fonctionne, il est nécessaire d’établir un dossier d’engagement spécifique, qui mette en avant les bénéfices concrets pour les équipes de terrain et la manière dont elles pourront adopter les changements.
Ce dossier avec les métiers peut contenir :
Une cartographie des processus impactés : montrer clairement quels processus existants seront transformés ou améliorés, et dans quelle mesure.
Il est souvent utile de présenter un avant / après ou un schéma décrivant les flux de travail pour matérialiser l’apport réel.
Liste des exigences fonctionnelles : les métiers doivent se retrouver dans le futur système ou la future organisation.
On peut recenser les fonctionnalités attendues, mais aussi les contraintes réglementaires et de conformité à respecter.
L’objectif est de donner aux métiers la garantie que leurs besoins et particularités sont entendus.
Description du parcours utilisateur : au-delà de la simple fonctionnalité, l’expérience est un sujet majeur.
Un dossier d’engagement pertinent décrit comment les utilisateurs finaux vont interagir avec la solution, et quel sera le gain en efficacité ou en confort.
Plan de formation et d’accompagnement : les équipes métiers ne peuvent pas être laissées seules devant la nouveauté.
Il faut anticiper l’effort de formation, le support nécessaire, et éventuellement la conduite du changement. quand ce point est négligé, les meilleures idées peuvent se heurter à des résistances.
Indicateurs de succès : au niveau métier, il est fondamental de définir des mesures concrètes.
Qu’il s’agisse d’un gain de temps, d’une amélioration de la satisfaction client ou d’une réduction des coûts, les métiers veulent un tableau de bord qui parle leur langage et qui leur montre l’impact positif sur leur activité quotidienne.
Il ne faut pas sous-estimer la communication.
Un dossier d’engagement avec les métiers doit éviter le langage trop ésotérique ou technique.
Proposer des ateliers de relecture collaborative, permettre à des représentants métiers de donner leur avis, et itérer sur le contenu du dossier sont autant de pratiques qui améliorent la solidité de l’engagement.
L’architecte qui sait écouter, reformuler et adapter sa présentation sera bien accueilli par les métiers et obtiendra un partenariat fructueux.
Engagement avec les équipes de développement, de déploiement et des opérations
Chacune de ces équipes a ses propres préoccupations, et il est indispensable de leur fournir des informations adaptées.
Un dossier d’engagement destiné à ce public se doit d’être technique, détaillé, et conforme aux standards en vigueur.
Il ne doit pas rester trop vague, sinon il ne sera pas utile.
Il faudra des descriptions techniques détaillées : architecture applicative, architecture logicielle, schémas d’intégration, exigences de performance et de sécurité.
Ces informations permettent de comprendre en profondeur la structure technique, les composants, et les interactions avec le reste du système d’information.
Documenter la procédure de mise en production, les dépendances vis-à-vis d’autres services, et les configurations requises pour éviter les surprises de dernière minute.
On peut inclure des instructions sur l’orchestration, les conteneurs ou l’infrastructure as code, selon le contexte de l’entreprise.
Les équipes de développement et d’exploitation ont besoin de s’accorder sur la manière de tester la solution.
Définir en amont les scénarios de test, les environnements nécessaires et la nature des validations attendues permet de gagner en efficacité et de diminuer le taux d’incidents en production.
Bien clarifier qui fait quoi, à quelle étape du cycle de vie du projet ou du produit.
Parfois, la confusion sur ce point entraîne des retards ou des conflits.
Un dossier d’engagement qui définit la répartition des tâches est un atout majeur pour la coopération inter-équipes.
Une fois déployée, la solution doit être surveillée pour détecter rapidement les anomalies.
Inclure dans le dossier un volet sur les métriques à observer, les seuils d’alerte et les outils à utiliser évite bien des problèmes post-production.
Cette anticipation est gage de sérénité et de professionnalisme.
Il n’existe pas une seule manière de rédiger ce dossier d’engagement technique.
Certains contextes requièrent un document exhaustif, d’autres privilégient une approche agile, avec une documentation évolutive.
L’important est de maintenir une cohérence et de penser à la maintenabilité du document, afin qu’il ne soit pas périmé au bout de quelques itérations et qu’il reste une référence fiable pour toutes les équipes impliquées.
Petits conseils pratiques
Pour assurer le suivi des dossiers d’engagement, il peut être judicieux de définir un cycle de validation et de révision.
Chacun sait alors quand et comment apporter son retour.
Cela peut prendre la forme de réunions courtes, mais régulières, où on confronte le contenu du dossier à la réalité du terrain et où on l’ajuste si nécessaire.
Garder une trace des décisions : lorsqu’une décision est prise en réunion ou dans un échange informel, il est préférable de l’inscrire rapidement dans le dossier concerné.
C’est un bon moyen de consolider la mémoire du projet et d’éviter les interprétations divergentes.
Ainsi, on limite le risque d’oublier ce qui a été acté, et on clarifie pour tous la direction à prendre.
Impliquer les parties prenantes tôt : rien n’est plus frustrant qu’un dossier d’engagement rédigé dans un coin, puis présenté comme un fait accompli.
Il vaut mieux co-construire ou au moins valider progressivement les versions intermédiaires, afin que chacun s’approprie les informations et puisse réagir avant que le train ne soit lancé à pleine vitesse.
Cette approche collaborative réduit la résistance au changement.
Un dossier d’engagement n’a pas pour vocation de devenir un roman interminable.
Il vaut mieux viser la clarté et la concision.
Des annexes ou des hyperliens peuvent accueillir les informations plus poussées.
En laissant le document principal lisible et cohérent, on augmente les chances qu’il soit réellement utilisé au quotidien.
Penser à la dimension humaine : parfois, on s’attarde sur la technique ou la méthodologie en oubliant que le succès dépend aussi de l’adhésion des individus.
Il est important de veiller à la communication, à la formation et à l’accompagnement.
Lorsqu’on écrit un dossier d’engagement, on ne fait pas qu’énoncer des faits, on prépare également les esprits à la transformation qui s’en suivra.
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